dimanche 10 avril 2016

Les accords à l'harmonica

Question : quels accords peuvent être joués à l'harmonica ? Si vous êtes harmoniciste, vous savez déjà que les trois premières notes sonnent bien ensemble, aussi bien soufflées qu'aspirées. Et c'est bien normal car elles correspondent aux accords suivants :

+123 = Accord parfait majeur de ... (tonalité de votre harmo)
-123 = Accord majeur, renversement 2, de ... (quinte de la tonalité de votre harmo)




Ainsi, sur un harmonica en do :

+123 = C (do-mi-sol)
-123 = G (ré-sol-si)

Si l'on analyse ces accords, on vérifie bien que le premier est constitué de la tonique, de la tierce majeure et de la quinte juste : un accord parfait majeur ! Le second est constitué d'une quinte, de la tonique, puis de la tierce majeure : c'est le 2nd renversement d'un accord majeur.

En termes de mouvements, enchaîner +123 et -123 revient à jouer les degrés IV et I, une figure harmonique ultra-classique.


Le schéma répétitif des notes soufflées

Avez-vous remarqué que les notes des trous 1, 2 et 3 se répètent selon un schéma identique jusqu'au plus aigu ? En fait, les degrés I, III et V constituent toute la partie soufflée de votre harmonica (si l'on reste dans la tonalité d'origine). Sur un harmo en C, vous jouez do-mi-sol sur 123, et toujours do-mi-sol sur 456, et encore do-mi-sol sur 789, avant de finir sur un do au trou 10.

Cela implique deux choses. D'abord, l'accord parfait majeur que l'on vient de voir se répète du plus grave au plus aigu et vous le retrouvez aussi bien en soufflant 123 qu'en soufflant 456 ou 789. Mais cette structure particulière à l'harmonica signifie aussi qu'en vous décalant, vous accédez aux renversements.


Les renversements

Qu'est-ce qu'un renversement ? Ni plus ni moins qu'un accord dont on ne joue pas les notes dans l'ordre classique. Nous venons de voir do-mi-sol, l'accord parfait majeur de C, constitué de la tonique, de la tierce majeure et de la quinte juste. Si vous décidez de jouer ce même accord en commençant par la tierce, puis la quinte, et finalement la tonique en fermeture, vous jouez un renversement. Le même accord en substance, mais il sonne différemment.

Revenons à notre harmonica : si vous décidez de vous décaler, pour jouer par exemple +345, vous jouez les notes sol-do-mi, qui correspondent au second renversement de l'accord majeur de C. Idem si vous jouez +234 : mi-sol-do, premier renversement de l'accord majeur de C. A chaque renversement, vous obtenez la même harmonie, mais une sonorité légèrement différente, car la note la plus haute de l'accord a tendance à se détacher, à être mise en valeur par rapport aux deux autres parce qu'elle est plus aiguë. 


Le piège du -67

Avez-vous déjà remarqué qu'il y a un accord qui sonne particulièrement faux vers les aigus ? Quand vous aspirez les trous 678 ou bien 567. Et ce, quelle que soit la tonalité de votre harmonica.

En fait, les responsables sont -6 et -7. En effet, il s'agit d'un intervalle de seconde. Ces notes très proches donnent une impression dissonante. C'est comme si vous appuyiez à la fois sur les touches do et ré d'un piano.

Pour éviter les couacs ou les impressions de fausse note, attention donc aux 6 et 7 aspirés : évitez de les jouer ensemble !


La relativité de la gamme

Depuis le début, nous parlons d'accords majeurs avec les do-mi-sol qui se répètent sur la partie soufflée. Mais attention, cela n'est valable que si l'on pense en termes de tonalité d'origine de l'harmonica. En effet, si votre harmonica est en C, mais que vous décidez de jouer en tonalité de G pour accompagner un morceau correspondant, vous devrez reconfigurer mentalement toute la structure harmonique de votre instrument.

Par exemple, en gamme de G, do-mi-sol n'est pas du tout un accord parfait majeur, mais un accord renversé de quarte et sixième. Cette description technique n'a d'autre utilité de donner un nom à cet accord, mais dans les faits, comment ça sonne ? Qu'est-ce que ça dit, quelle émotion est exprimée ? Voilà la question qui doit toujours revenir lorsque vous testez des accords. En l'occurrence, cet étrange assemblage de tonique-quarte-sixième peut par exemple s'avérer utile au cours d'un blues en mode mineur, car il ne contient ni tierce majeure ni septième, qui sonneraient comme des fausses notes sur une harmonie mineure ; par ailleurs, il contient la quarte, et le quatrième degré est tout indiqué à certains moments d'un morceaux, notamment quand une tension se crée avant la résolution par le degré I. Bref, à certains moments, cet accord "sonne" bien.


Parler le langage des accords

Vous le voyez à travers ces différents exemples, pour comprendre les accords à l'harmonica, l'idéal est de connaître un minimum d'harmonie. Si la lecture de cet article vous donne l'impression de nager en mer inconnue, je vous conseille de vous familiariser avec cet univers à l'aide d'un bon ouvrage d'initiation à l'harmonie, afin de comprendre les notions d'accord parfait, majeur, mineur, diminué, la différence entre un accord et un intervalle, les mouvements, etc.

Néanmoins, rien ne vous empêche de vous amuser en attendant d'effectuer ce travail indispensable ! Vous pouvez déjà explorer tous les accords en soufflant ou en aspirant plusieures notes en même temps n'importe où sur votre harmonica. Vous remarquerez bien vite que la plupart d'entre eux sonnent plutôt bien sur un accompagnement qui correspond à la tonalité de votre harmonica : si vous possédez un harmonica en C par exemple, tapez "backing track C" sur Youtube et amusez-vous à jouer par-dessus l'accompagnement. C'est un excellent exercice d'auto-initiation.

Bon courage !

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