jeudi 31 mars 2016

Descente blues en 3 déclinaisons

Salut ! Voici une jolie descente blues, et c'est un phrasé qui a deux avantages. Sans altérations, d'abord, il est assimilable rapidement ; en second lieu, il sonne encore mieux avec des bendings, ainsi quand vous les connaîtrez, vous pourrez les inclure.

Débutant :

-7 -6 +6 -5 -4 +4 -3 -2 +2 -2

Niveau rythmique, on jouera cette descente idéalement en ternaire. Elle tient sur une mesure de 4 temps, chaque note ayant valeur d'une croche (en ternaire 1 noire = 3 croche) sauf la dernière : le -2 final compte pour une noire, et se prête justement très bien à un vibrato (puisque la noire vaut trois tiers-temps, on la démarrera sur le 1/3, et on amènera deux modulations de vibrato sur le 2/3 et le 3/3).

Avancé :

-7 -6 +6 -5 -4 +4 -'3 -2 -''2 -2

Voici le même phrasé mais avec les bendings. Il sont difficiles à inclure tant qu'on ne sais pas les déclencher vite et à la bonne hauteur, mais cela peut constituer un très bon entraînement d'essayer tout doucement.

Avancé-confirmé :

-6 -7, -8 -7 -6 +6 -5 -4 +4 -'3 -2 -''2 -2

Et voici la descente enrichie avec un autre phrasé emprunté à Sugar Blues.

Le tout en vidéo :




Pour finir, voici les transcriptions en degrés de ces phrasés. C'est très utile pour se familiariser avec la structure cachée derrière les tablatures.

3-2-1-7m-5-4-3-1-6-1
3-2-1-7m-5-4-3m-1-7m-1
2-3-5-3-2-1-7m-5-4-3m-1-7m-1

(Je vous fais grâce des chiffres romains car ce n'est vraiment pas agréable à la lecture)

Bon courage !

mercredi 30 mars 2016

Shuffle blues pour débutant (tongue-blocking)

Bonjour ! Dans l'exercice qui suit, vous travaillez le tongue-blocking, cette technique géniale qui permet de tirer de votre harmonica une richesse harmonique décuplée. Si cela vous pose trop de difficultés, essayez un autre article. Je vous propose dans un premier temps d'examiner ces notes, tirées d'un cours avec un jeune élève très prometteur qui arrive à jouer des tongue-blocking les yeux fermés :




Tout d'abord, vous remarquez le schéma avec les points et les vecteurs. C'est quoi ce truc ? Il représente les mouvements que l'on effectue en jouant cet exercice. On commence par souffler (premier point) puis on aspire (second point, qui monte), puis on aspire toujours, mais en se déplaçant d'un trou vers la droite (troisième point vers la droite), etc. Une fois arrivé à la dernière étape, on reprend tout dans le sens inverse, raison pour laquelle les flèches vont dans les deux sens.

Maintenant qu'on voit à peu près le chemin, que joue-t-on précisément ? Utilisez les tablatures (marquées en vert) en-dessous. Comme d'habitude, les + signifient qu'on souffle, les - signifient que l'on aspire, et les parenthèses encadrent les notes qui sont jouées avant le tongue slap, c'est à dire avant que la langue ne viennent boucher ces trous. Attention, au-delà des deux premiers tongue-blocks, vous ne jouez plus des accords/notes, mais des accords/octaves. C'est plus difficile !

Les deux cercles bleus et les indications "3 fois" et "1 fois" vous serviront si vous souhaitez tout d'abord vous exercer en faisant tourner seulement les deux premiers tongue-blocks.

Dans la vidéo qui suit, je vous joue l'exercice à vitesse rapide. Puis lentement, en vous indiquant le schéma des vecteurs ; ensuite, je vous montre simplement le sens du souffle (soufflé ou aspiré). Tout à la fin, je vous fais tourner juste les deux premiers tongue-blocks, qui sont bien utiles si vous souhaitez vous entraîner.




Bon courage !

mardi 22 mars 2016

Zaz - Tous les cris les SOS - Balavoine(s)

Bonjour ! Comment ne pas craquer pour la reprise de Zaz de cette magnifique chanson de Daniel Balavoine, à l'occasion de la sortie de l'album de reprises "Balavoine(s)" ? On connaît déjà "Paris sera toujours Paris", qu'elle avait chanté il y a quelques mois, et le titre qui l'a rendue célèbre, "Je veux". Je ne suis pas spécialement un grand fan de cette chanteuse à la base, mais j'ai été tout de suite séduit.



Je vous propose les tablatures afin de jouer la mélodie. Si vous voulez accompagner la musique, vous devrez vous munir d'un harmonica en Bb, car c'est la tonalité de ce morceau. Néanmoins, vous pouvez tout-à-fait utiliser votre harmonica préféré pour jouer dans la tonalité que vous voulez (mais cela ne sera pas en accord avec celle du morceau). Si vous avez vraiment envie d'accompagner la musique, il vous faudra utiliser un logiciel de retraitement audio pour bidouiller avec les tonalités, mais le plus simple reste d'acquérir un nouvel harmonica en Bb !


Couplets :

+6(cinq fois) -5 +5 -4 +4
Comme un fou va jeter à la mer

+3 +4 -4 +5 -4 -4 +4 -4,
Des bouteilles vides et puis espère

+4 -4 +5 +5 +6 +6 -5,
Qu'on pourra lire à travers 

+6(cinq fois) -5 +5 -4 +4
S.O.S. écrit avec de l'air

+4 -4 +5 -4 -4 +4 -4,
Pour te dire que je me sens seul

+4 -4 +5 +5 +6 +6 -5,
Je dessine à l'encre vide

-6 -6 +6,
Un désert

+6 -6 +7,
Et je cours

+6 +6 +6 -7 +6 -5 +5,
Je me raccroche à la vie

+4 +6 +6 -5 +4 -4 +5,
Je me saoule avec le bruit

+5 -4, +6 -6 +7 +6 -6,
Des corps qui m'entourent

+6 +6 +6 -6 +6 -5 +5 +5,
Comme des lianes nouées de tresses

+4 +6 +6 -5 +4 -4 +5,
Sans comprendre la détresse

+5 -4 +4 -3 +3
Des mots que j'envoie


Refrain :

-6(sept fois)
Tous les cris les S.O.S.

-6 -6 -6 -7 -6
Partent dans les airs

-6 -7 -8 +7 +7 +5 -5
Dans l'eau laissent une trace

+7 -7 +7 -7 -6 +6 +5 -7 -6
Dont les écumes font la beauté 


Note : cette version est optimisée pour les débutants qui ne maîtrisent pas encore les altérations, aussi certaines notes ont été modifiées pour sonner juste mais sans correspondre exactement à la mélodie originale. Si vous souhaitez jouer cette chanson sans arrangement, il va falloir travailler vos bendings.


Bon courage !

lundi 21 mars 2016

Harmonica boogie : special bending

Salut ! Voici l'exercice du boogie que nous avons vu dans cet article : mais cette fois, il est spécialement enrichit pour tous ceux qui travaillent les altérations. Si vous êtes en passe de les réussir, ce morceau vous permettra de les mettre en pratique, de vous entraîner à enchaîner rapidement les bendings et de jouer en rythme.

Dans la vidéo suivante, je vous propose un thème principal, répété trois ou quatre fois. Puis, vous avez une petite improvisation, qui je l'espère vous donnera des idées pour inventer les vôtres !




L'harmonica utilisé est en tonalité Bb, néanmoins vous pouvez utiliser n'importe quel harmonica. Voici les tablatures du thème principal :

-123 -2 +2 -2, -''2 -1

-123 -2 +2 -2, -'3

-123 -2 +2 -2, -''2 -1

-'4 -4, -->-2 -2

Notes :
Le signe "-->" signifie "glissando" jusqu'au trou suivant.
Le phrasé -'4 -4 peut être alterné avec -'4 -4 -'4
Le phrasé -123 -2 +2 -2, -'3 peut être alterné avec -123 -2 +2 -'3


Bon courage !

vendredi 18 mars 2016

Les positions à l'harmonica

Attention, cet article peut causer des céphalées.


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A l’harmonica, les positions correspondent aux gammes. Il y a la première position, la seconde, la troisième… Jusqu’à douze. Douze, comme le nombre de gammes existantes : do, ré bémol, ré, mi bémol, mi, fa, sol bémol, sol, la bémol, la, si bémol, et enfin, si. Sachant que ré bémol = do dièse, mi bémol = ré dièse, etc.

Je vous propose de nous pencher sur les deux positions les plus connues : la première et la seconde.


La première position

En première position, on joue sur la tonalité d’origine de l’harmonica. Par exemple, en do sur un harmo en do.

Première octave : trous 1 à 4

+1 = do = I
-‘1 = réb = II mineure
-1 = ré = II
+2 = mi = III
-‘’2 = fa = IV
-‘2 = solb = V diminuée
-2 = sol = V
-‘’3 = la = VI
-‘3 = sib = VII mineure
-3 = si = VII
+4 = do = I




On remarque que des bendings sont nécessaires pour obtenir la quarte et la sixième. Autrement dit, pour jouer une simple gamme majeure, il faut déjà maîtriser le bending complet des trous -2 et -3. Aoutch.
Grâce aux altérations, on peut aussi jouer la V diminuée et la VII mineure, très importantes pour sonner blues.

Rappel gamme blues : I, III mineure, VI, V diminuée, V, VII mineure, I.
La seconde mineure est moins essentielle, mais bonne à prendre. Par exemple, si on joue la mélodie suivante :

II-IIm-I-I(sup)-VIIm

Cela nous donne un phrasé blues bien sympa.

Néanmoins, pas d’accès à la III mineure (à moins de maîtriser les overblows bas), ce qui pose une limite importante car c’est une des notes signature de la gamme blues.

Si, au fil de cette lecture, vous vous sentez comme ça :

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Alors je vous conseille de vous arrêter là et d'aller respirer un peu d'air dehors, puis de prendre votre temps pour vous familiariser avec les gammes, pour commencer.
Si les tablatures vous posent problème, sachez que le + signifie soufflé, le - signifie aspiré, le chiffre correspond au numéro de trou et l'apostrophe signifie une altération sur un demi-ton (deux apostrophes = altération sur un ton entier).


Deuxième octave : trous 4 à 7

+4 = I
-‘4 = II mineure
-4 = II
+5 = III
-5 = IV
+6 = V
-‘6 = VI mineure
-6 = VI
-7 = VII
+’7 = VII
+7 = I




Là, c’est moins compliqué, mais il y a quand-même une difficulté : au lieu d’alterner les soufflés puis les aspirés (+4, -4, +5, -5, +6, -6.) la sixième et la septième se jouent en aspiré (-6, -7), et cette rupture en déroute plus d’un.
On peut se demander à quoi sert le bending soufflé du 7, qui donne la VII, sachant qu’on peut déjà jouer cette VII grâce au -7.
La réponse, c’est qu’enchaîner le +’7 et le +7 donne un effet blues. Par ailleurs, cela permet aussi de moduler la note avec un vibrato-bending.
Les notes blues sont très limitées dans cette octave, on n’accède ni à la III mineure, ni à la V diminuée, ni à la VII mineure. On doit se contenter de la II mineure et de la VI mineure, c’est difficile (mais possible) de sonner blues avec si peu.

Troisième octave : trous 7 à 10

+7 = I
-8 = II
+’’8 = II
+’8 = III mineure
+8 = III
-9 = IV
+’’9 = IV
+’9 = V diminuée
+9 = V
-10 = VI
+’’10 = VII mineure
+’10 = VII
+10 = I




Ça devient chaud : dans les octaves inférieures et moyenne, on jouait un trou soufflé, puis le même trou aspiré pour obtenir la note au-dessus, alors que dans cette octave supérieure, ça s’inverse car on joue un trou soufflé, puis le trou suivant aspiré pour jouer la note au-dessus. Ce qui peut dérouter… Et en plus, il est très difficile d’obtenir la sensible (VII) et la septième mineure (VII m), à moins de maîtriser l’un des bending les plus ardus : le légendaire +’’10
On peut néanmoins jouer la III mineure et la V diminuée, mais difficile de les tenir sans que l’aiguille de l’accordeur chromatique ne s’affole.

Cela s’appelle la première position : on joue sur la tonalité d’origine de l’harmo. En comparaison de la seconde position, la première pose des défis importants pour sonner blues. Néanmoins, dès qu’on bascule dans le folk, la variété ou le classique, aucun souci.

Ce qu’il faut retenir, c’est que la première position donne des avantages certains pour accompagner un groupe sur un morceau joué en mode majeur, ou pour jouer de la variété française, par exemple. « La vie en rose » d’Edith Piaf est très agréable à jouer sur cette position.


On verra par la suite que la seconde et la troisième positions sont parfaites pour le blues, moins pour la variété, et qu’elles posent des contraintes nouvelles (par exemple en 2nde position on ne peut accéder qu’à deux octaves, au lieu de 3 en 1ère position).


la seconde position :

Notre bien aimée seconde position ! "Cross-position" en anglais, elle est idéale pour le blues. Elle commence par une fin d'octave, puis deux octaves pleines, et finit par un début d'octave. Donc quatre sections, tandis que la première position n'en comportais que trois.

Sur un harmonica en C, la seconde position correspond à la gamme de G. C'est à dire la quinte de la tonalité de la première position. L'ordre des positions suit cette logique de quinte en quinte : la troisième position aura pour tonique la quinte de G, qui est D ; la quatrième position aura pour tonique la quinte de D, qui est A ; et ainsi de suite.

Fin d'octave basse

+1=IV
-'1=Vm 
-1=V
+2=VI
-''2=VIIm 
-'2=VII
-2= I
+3=I



Quelle pléthore de notes en si peu de place ! Sept possibilités sur seulement deux trous, grâce aux bendings. La seconde position est un peu décalée sur l'harmonica : elle commence par la quarte, et il faut monter jusqu'aux trous -2/+3 pour avoir la première tonique.

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Shéma de la seconde position. Repirez, inspirez, prenez un Advil.

En cross-position, les trous de l'harmonica où les bendings aspirés sont les plus puissants et expressifs (-2, -3 et -4) sont ceux sur lesquels tombent les meilleures notes, celles qui sonnent blues. On accède ainsi à une palette de jeu magnifique, et on peut notamment faire "glisser" une septième mineure jusqu'à la tonique au-dessus, ce qui est une des figures mélodiques caractéristiques de l'harmonica. Ces trois trous sont aussi ceux ou le vibrato par la gorge pourra s'exprimer pleinement (ils tombent sur la tonique, la tierce et la quinte).

La première octave complète se présente ainsi :

Octave basse

-2=I
+3=I
-''3=II
-'3=IIIm 
-3=III
+4=IV
-'4=Vm
-4=V
+5=VI
-5=VIIm
+6=I




On utilisera assez peu le sixième degré (+5) en blues pur et dur. Mais la seconde position est utile pour jouer dans d'autres styles, et parfois c'est agréable d'avoir accès à toutes les notes de la gamme majeure... sauf la septième ! Celle-là va se faire cruellement désirer pour sortir de la gamme blues et gagner en délicatesse. La sensible pourra néanmoins s'obtenir avec l'overblow du +5.

Octave haute

+6=I
-'6=IIm 
-6=II
-7=III
+'7=III
+7=IV
-8=V
+'8=VIm
+8=VI
-9=VIIm
+'9=VII
+9=I




L'octave haute a un gros défaut : pas de tierce mineure. Mais au fil de l'histoire, les harmonicistes se sont joués de ce handicap apparent, en inventant des mélodies inédites, par exemple en la substituant par la seconde mineure, ce qui donne au blues un côté "hard". Aujourd'hui on peut tout à fait jouer la tierce majeure au milieu d'un blues, cela donne une couleur un peu jazz et de toutes façon, les plus grands y ont abondamment recours (par exemple Sugar Blues n'arrête pas de mélanger tierces mineures et majeures dans Hoochie-Coochie). Le plus simple reste d'apprendre l'overblow du +6 si l'on souhaite disposer d'une tierce mineure ici.

Attention aux notes suraiguës. Il vaut mieux s'en servir avec parcimonie, et placer quelques aigus aux moments clefs d'un morceau, pour créer un effet de surprise. Le public appréciera, mais se lassera vite si l'on s'attarde trop haut dans cette octave.

Demi-octave haute

+9=I
-10=II
+''10=IIIm
+'10=III
+10=IV




Les dernières notes donnent les premiers degrés d'une octave coupée au quatrième degré. Difficiles à jouer, encore plus à altérer, cela vaut néanmoins la peine de s'entraîner régulièrement au légendaire bending du 10, surtout la nuit si l'on veut rendre fous ses voisins.

Pour écouter un bending du 10 absolument parfait, vous pouvez écouter ce morceau de Jean-Jacques Milteau, et régler la vidéo sur 2:00. Vous entendrez quatre bendings du +9 suivis d'un monumental +10.





vendredi 11 mars 2016

Notre vieux pote le IV-III-II-I

Hello ! Le IV-III-II-I, ça vous dis peut-être rien... Mais c'est un vieux copain, qui nous accompagne depuis très longtemps !

La descente IV III II I est une figure de fermeture toute modeste, toute simple, qu'on rencontre énormément dans le style guitare-harmo-chant, mais aussi partout ailleurs : dans le classique, le jazz, la pop, le rock, le reggae, et même certains chants populaires.

Par exemple, dans Geave Peace A Chance, John Lennon chante son refrain sur 4 accords dont les degrés mis en valeur forment la même descente : IV, III, II, I (qui correspondent exactement aux paroles "give peace a chance")



Dans Surfin USA des Beach Boys, les 4 dernières syllabes du refrain "sur-fin-U-S-A" descendent sur la même figure IV, III, II, I, qui vient clôturer le refrain, puis finalement la chanson.



Idem dans Woman No Cry de l'ami Marley : "wo-man-no-cry" forme un IV, III, II, I. Sur la partie instrumentale c'est criant, moins sur le chant car le petit malin à tendance à laisser partir sa voix un peu hors-piste et il déborde un peu vers le haut lors du II, mais sans ce côté "lâcher prise" ça ne serait plus du Bob !



Et last but not least, Can You Feel The Love Tonight d'Elton John, le refrain finit sur "believe the very best", encore un IV III II I.



Edit : Merci Thomas, j'avais oublié de mettre ta vidéo ! Voici Hugues Aufray s'accompagnant à l'harmonica, qui illustre encore mieux que les autres ce mouvement d'accords.



Bref, incontournable ce IV-III-II-I !

Ellie Goulding, "Army" : la sensible sous les feux de la rampe

Salut ! Ellie Goulding a sortit tellement de tubes que je ne les compte plus. "Lights", "Burn", "Love Me Like You Do" (bande originale du torride Cinquantes nuances de Grey), le tout récent "Something In The Way You Move" qui donne envie de sauter partout... Aujourd'hui je vous propose d'écouter et d'analyser très brièvement "Army", une chanson où elle rend hommage à une amie chère, avec laquelle elle se sent invincible ("when I'm with you / I'm standing with an army").

Voici le clip officiel :




Que ressentez-vous en écoutant ces paroles, cette mélodie, ce refrain ? Pas grand-chose, peut-être, ou au contraire beaucoup d'émotions ; si tel est le cas, sauriez-vous les décrire ? Plutôt de la tristesse, de la mélancolie, ou de la joie, de la gaieté... Me concernant, c'est un peu entre les deux. Cette chanson-hommage est comme une déclaration d'amour, chargée d'affection et de tendresse, peut-être d'un brin de mélancolie qui rappelle les épreuves traversées par les deux amies, en même temps qu'une puissante joie de vivre, presque inébranlable. Quand on a la chance d'avoir près de soi une personne aussi proche, comment résister à l'envie de lui dire, de lui chanter combien on l'aime ?

De mots c'est bien gentil, mais voyons ce que donne la mélodie.

Prêtons un instant l'oreille à ce si joli refrain. Si on en extrait la structure mélodique, on obtient les degrés suivants :

When (V) I'm (V) with (V) You (VII), When (V) I'm (V) with (V) You (VII), 
I'm (V) stan (I) ding (VII) with (V) an (IV) a (V) a (IV) a (III) a (II) rmy (I) (bis)

Certains degrés s'imposent, tandis que d'autres sont plus discrets, presque comme des notes de passage. On retient surtout le V et le VII dans la première partie ("when I'm with you" répété deux fois), tandis que la seconde partie fait une descente de tonique à tonique basse (I) en passant par la septième (VII), la quinte encore une fois (V), et rapidement la quarte, la tierce, et la seconde.

Voilà qui est tout bonnement fascinant, comme à chaque fois qu'on dissèque une mélodie pour comprendre comment elle est faite, comment elle vit.

Le degré V est aussi appelé "dominante", en raison de sa propension à créer un effet d'attente, une tension qui appelle la résolution par le degré I. Un des plus célèbre exemples se trouve dans notre hymne national : "Allons (V) en (V) fants (I) de (I) la (II) pa (II) tri (V) i (III) ie (I)". La Marseillaise commence sur une dominante basse, qu'elle résous immédiatement sur la tonique au-dessus, avant de monter sur la seconde, puis de nouveau la quinte (le "i" de "patrie), sur laquelle elle s'attarde un moment, avant de redescendre sur la tierce puis finalement la tonique. 

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Exemple de dominante basse et de tonique : sol et do.

De son côté, Ellie commence pareil : le degré cinq marque les premières paroles de son refrain ("when I'm with"), et l'on s'attends presque à entendre la tonique supérieure venir célébrer glorieusement le "you", comme l'apogée de l'hommage qu'elle rend à son amie. Sauf que ce "you" se positionne sur la septième, la fameuse "sensible".

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Exemple de sensible sur la gamme de ré : do#, située juste un demi-ton en dessous de ré (le degré VIII et équivalent au I, c'est la tonique)

La sensible... Proche, si proche de sa sœur aînée la tonique, la grande patronne qui détermine le rôle de toutes les autres notes. Et qui pourtant ne serait rien sans ses consœurs, et surtout sa fausse jumelle la sensible, qui la mets si bien en valeur, qui donne tellement envie de l'entendre à nouveau. Est-ce une manière de décrire la relation entre les deux femmes, la dynamique de leur amitié quasi fusionnelle ?

La mélodie semble s'arrêter dans le temps sur cette note qui prends une place immense dans le refrain, et qui souligne combien la chanteuse se sent proche de son amie. Ce "you" renvoie à celle qui l'a accompagnée dans les meilleurs moments et dans les pires épreuves.

Jouez la tonique encore et encore, et cela ne signifie plus rien ; on a besoin des autres notes, de mouvements et d'effets de tensions/apaisements pour apprécier les retours sur la tonique. Cette longue sensible tenue, que l'on entends sur trois pulsations et deux mesures à la suite, créé un magnifique effet de suspension. Quand enfin vient la résolution par la tonique supérieure ("Stan (I) ding"), ce n'est même pas pour mettre en lumière le "je" de la chanteuse, mais pour souligner avec force le "standing", le fait de se tenir debout, droit, puissant, qui décrit l'impression d'invulnérabilité que ressent la chanteuse lorsqu'elle se trouve en compagnie de son amie.

Ellie s'est d'ailleurs placée en-dessous, au niveau de la dominante ("I'm" (V) et "when (V) I'm" ), sur une durée très courte en comparaison. Charmante manière de se mettre en retrait pour laisser toute l'attention sur le "you". Et puis, Ellie jouant le rôle de "dominante", artiste accomplie, femme de scène et de show-business, tandis que sa partenaire est personnifiée sur la sensible, note fragile, féminine, entièrement tendue vers la tonique comme si elle n'avait d'autre but que de la rejoindre enfin... Belle métaphore, vous ne trouvez pas ? D'ailleurs, la musique réalise l'impossible rencontre entre sensible et tonique vers la fin (autour de 3 minutes sur la vidéo) : le "you" est joué à la fois sur septième et tonique, et là miracle, elles se confondent, s'alternent se complètent, sans qu'on entende de fausse note. Chapeau le studio.

Ce n'est qu'un petit exemple d'écoute attentive et d'interprétation personnelle. Exercez-vous aussi à décortiquer et analyser les mélodies qui vous touchent, et à donner le sens qui vous plaît aux notes, et vous trouverez bien vite que la musique est une poésie renversante dont la grammaire obéit elle aussi à des lois, qu'on peut appliquer, transgresser, renverser... Pour une description plus académique des degrés et de leurs relations, je vous conseille l'excellent portail de l'harmonie sur Wikipédia. A vous de jouer.

mercredi 9 mars 2016

La gamme blues et ses copines


Salut ! Voici une petite initiation théorique aux gammes. Au pied levé... Je vous souhaite bonne lecture !

La gamme blues reste toujours identique à elle-même, peu importe la tonalité. Sa structure est la suivante :

Tonique, tierce mineure, quarte, quinte diminuée, quinte, septième mineure.

En do, ça donne do, mi bémol, fa, sol bémol, sol, si bémol. Puis do, et ainsi de suite.

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On remarque qu'elle se compose de 6 notes, comme la gamme pentatonique, alors qu'une gamme basique fait 7 notes, avec 7 degrés.

En notation américaine, on remplace do ré mi fa sol la si par C D E F G A B.

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Pourquoi une gamme comme ça ? Qui en a décidé ainsi ? Je l'ignore, et en vérité cette question revient sans doute à demander pourquoi on appelle un truc plat dans lequel on mange une "assiette". Les descriptions sont historiques et culturelles, la musique étant une expression humaine au moins aussi ancienne et spontanée que le langage ou le culte. C'est un phénomène qu'on peut décrire, avec des dates, des lieux et des analyses. Mais la raison de son existence...

Voilà qui rend la musique bien mystérieuse et au moins aussi fascinante que les lois de la physique. Comme si elle n'avait pas besoin de nous pour exister.


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Revenons donc a cette gamme blues et décrivons-la. Jouer la tonique peut signifier plein de choses ; ce qui compte c'est ce qui est joué avant et après, et surtout, qu'est-ce que cela nous fait ressentir. La mélodie fait-elle une descente ou une montée ? Ça sonne triste ou joyeux ? Les notes se suivent-elles de près les unes des autres (do, mi bémol, fa) où sont-elles très écartées (do, si bémol, mi bemol) ? Est-ce que je ressens un effet d'attente ou de tension, ou plutôt de l'apaisement en écoutant cette partie ? Ou bien me donne-t-elle simplement envie de danser ? En se posant ces questions chaque fois qu'on écoute de la musique, on apprend à la connaître différemment, à la comprendre un peu mieux, et on joue avec une conscience plus riche de ce qu'on fait et pourquoi on veut le jouer ainsi et pas autrement.

Pour être à l'aise avec la gamme blues, rien ne vaut le calcul mental : il faut s'exercer à nommer chaque note en fonction de la tonalité choisie. Jusqu'à ce que ça devienne un réflexe aussi rapide et instinctif que "2+2=4".

Par exemple, en sol, la gamme blues fait :

Sol, si bémol, do, ré bémol, ré, fa.


Mais avant cela, savoir ses 12 gammes est essentiel. Tout comme on n'apprend pas les tables de multiplication avant de savoir compter...

La gamme de do est le modèle. Do ré mi fa sol la si do, tout le monde connaît.


Les petites courbes rouges, c'est un ton. Et les petits chapeaux rouges, c'est un demi ton. Cela permet de remarquer qu'il y a un ton entre chaque note, sauf entre la tierce et la quarte. Et entre la septième et la tonique du dessus. C'est valable pour les gammes majeures.

Pour passer à une autre gamme, facile, tu choisis une note et tu montes en suivant le même ordre.


Par exemple ré : ré mi fa sol la si do ré.


Ou bien si : si do ré mi fa sol la si.


Quand tu as pris le pli, exerces-toi à redescendre. Do si la sol fa mi ré do. Ré do si la sol fa mi ré. Si la sol fa mi ré do si. Et ainsi de suite.

Mais c'est incomplet car il manque les altérations. Do est la seule gamme qui n'en comporte aucune, voilà pourquoi elle est facile.

La quinte de do, c'est quoi ? Sol : la gamme de sol possède une altération. Un dièse. Où ça ? Sur la sensible (septième note). Je compte : 1 sol, 2 la, 3 si, 4 do, 5 ré, 6 mi, 7 fa. Le dièse est sur le fa.

Puis la quinte de sol c'est quoi ? Ré. La gamme de ré possède deux dièses. Un sur sa septième, un sur sa tierce.

La quinte de ré, c'est la. La gamme de la possède trois dièses. Un dièse sur sa septième, un sur sa tierce, et un sur sa sixième.

Et ainsi de suite. À chaque nouvelle gamme de quinte relative, un nouveau dièse apparaît. Après la, on a mi, qui rajoute un dièse sur la seconde. Puis si, qui rajoute un dièse sur la quinte.

Voici l'ordre des gammes diésées :

Do : aucun
Sol : un dièse 
Ré : deux dièses
La : trois dièses
Mi : quatre dièses 
Si : cinq dièses


Et voici l'ordre d'apparition des dièses :

Aucun : do
Septième : Sol
Septième plus tierce : ré 
... plus sixième : la
... plus seconde : mi
... plus quinte : si


Sur une partition, les dièses sont indiqués au début, à côté de la clé de sol. On appelle ça l'armure.

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Ici on voit qu'il y a cinq dièses, du coup on sait que c'est la gamme de si.

Voilà pour les dièses, et pour do.

Et les bémols ?

La seule gamme qui possède un bémol c'est fa. Sur sa quarte. 1Fa, 2sol, 3la, 4si : le bémol est sur le si.

Tiens c'est marrant que ce soit sa quarte. Dans toutes les gammes diésées qu'on vient de voir, seule la quarte n'avait jamais de dièse.

En fait il y a d'autres gammes qui ont des bémols, évidemment. Mais ce ne sont pas des gammes ordinaires. Pas comme fa, ou ré, ou sol. Ce sont des gammes dont la tonique est déjà bémolisée dès le début. C'est pour ça que d'une certaine manière fa est la seule gamme normale qui possède un bémol.

Du coup on n'a qu'à apprendre par coeur les gammes dans cet ordre là :

Fa - do - sol - ré - la - mi - si


Un peu comme sur une règle des nombres relatifs avec do qui serait le point zéro. Fa serait le moins un. Et sol le plus un, puisque la gamme de sol a un #. Ré serait le plus deux, puisque la gamme de ré a deux #. Et ainsi de suite. D'ailleurs ça tombe bien, les dièses ressemblent à des petits plus ;)

Voilà, on connaît les sept gammes des sept notes blanches sur le clavier d'un piano : fa do sol ré la mi si.

Reste cinq notes noires. Les gammes bémols. Elles sont le reflet inverse de leurs collègues blanches.

Sol bémol, c'est comme sol, mais inversé.
Sol n'a que des notes normales, sauf sa septième qui porte un #.
Sol bémol c'est l'inverse : chaque note comporte un bémol :

Sol bémol, la bémol, si bémol, etc.
Sauf la septième. 
La septième, seule note altérée de la gamme de sol. Chez sol bémol ça devient la seule note PAS altérée !


Idem pour ré. Il y a deux notes altérées chez ré. Mais chez ré bémol, ces deux mêmes notes seront les seules qui ne portent pas de bémol :
Ré b, mi b, fa, sol b, la b, si b, do, ré b. 

Ré, mi, fa #, sol, la, si, do #, ré.


Et de même pour la et la bémol, mi et mi bémol, si et si bémol... Ça suit le même ordre.

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Au niveau de l'armure, les bémols apparaissent dans l'ordre inverse : si, mi, la, ré, sol, do, fa (on lit à l'envers fa do sol ré la mi si)

Au final, on peut se souvenir des 12 gammes dans cet ordre :

Fa - do - sol - ré - la - mi - si -
solb - réb - lab - mib - sib


Cela permet de retrouver assez vite où sont les dièses et les bémols.

On peut même imaginer le cadran d'une montre, et à la place des heures, on met les gammes. Ça colle parfaitement puisqu'il y en a douze. Et ça tourne de gauche à droite en suivant l'ordre des quintes. Do, puis sol, puis ré, etc.


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Ici, ils ont indiqué Fa # à la place de G bémol, ça revient au même (quasiment).

Bravo ! Non, vraiment, si vous avez lu jusque là, bravo. Désolé, ce n'est qu'une initiation partielle, pleine d'idées subjectives, pas aussi rigoureuse que ce qu'on trouve dans les manuels. Mais parfois, ça fait du bien de résumer les choses ;)

mardi 8 mars 2016

La technique de mâchoire flexible

Salut ! Vous voulez apprendre à jouer vite et précis, alors la technique de la "flexible jaw" est faite pour vous.

Dans la vidéo suivante, l'harmoniciste Paul Lassey, non seulement un super musicien mais aussi l'un des prof les plus pédagogues du web, propose quelques exercices pour se familiariser avec cette technique :



La vidéo est en anglais, néanmoins les exercices et la méthode proposée sont très clairs. Si vous voulez voir un exemple de maîtrise parfaite de cette technique, voici Buddy Green et son "speed playing" légendaire.



Bon courage et bon entraînement !

lundi 7 mars 2016

Gregory Porter : Musical Genocide

Aujourd'hui, une parenthèse pour ce colosse au style inimitable, toujours classe et le sourire aux lèvres. Vous ne l'avez encore jamais écouté ? Pas la peine de sortir le fouet, rattrapez-vous ci-dessous.

A écouter encore et encore : Musical Genocide


Gregory Porter confiait à propos de cette chanson : 

« C’est un titre lourd qui envoie un message à ceux qui entendent niveler la musique, et la culture, par le bas. Plus personne ne connaît les chansons traditionnelles et je ne suis pas d’accord avec ça. J’estime que notre société a besoin de chansons protestataires. »

Et puis comment ne pas craquer quand un petit bijou comme "Holding On" sort pile le jour de votre anniversaire ?