Attention, cet article peut causer des céphalées.
A l’harmonica, les positions correspondent aux gammes. Il y
a la première position, la seconde, la troisième… Jusqu’à douze. Douze, comme
le nombre de gammes existantes : do, ré bémol, ré, mi bémol, mi, fa, sol
bémol, sol, la bémol, la, si bémol, et enfin, si. Sachant que ré bémol = do dièse, mi bémol = ré dièse, etc.
Je vous propose de nous pencher sur les deux positions les plus connues : la première et la seconde.
La première position
La première position
En première position, on joue sur la tonalité d’origine de
l’harmonica. Par exemple, en do sur un harmo en do.
Première octave : trous 1 à 4
+1 = do = I
-‘1 = réb = II mineure
-1 = ré = II
+2 = mi = III
-‘’2 = fa = IV
-‘2 = solb = V diminuée
-2 = sol = V
-‘’3 = la = VI
-‘3 = sib = VII mineure
-3 = si = VII
On remarque que des bendings sont nécessaires pour obtenir
la quarte et la sixième. Autrement dit, pour jouer une simple gamme majeure, il
faut déjà maîtriser le bending complet des trous -2 et -3. Aoutch.
Grâce aux altérations, on peut aussi jouer la V diminuée et la VII
mineure, très importantes pour sonner blues.
Rappel gamme blues : I, III mineure, VI, V
diminuée, V, VII mineure, I.
La seconde mineure est moins essentielle, mais bonne à
prendre. Par exemple, si on joue la mélodie suivante :
II-IIm-I-I(sup)-VIIm
Cela nous donne un phrasé blues bien sympa.
Néanmoins, pas d’accès à la III mineure (à moins de maîtriser
les overblows bas), ce qui pose une limite importante car c’est une des notes
signature de la gamme blues.
Si, au fil de cette lecture, vous vous sentez comme ça :
Alors je vous conseille de vous arrêter là et d'aller respirer un peu d'air dehors, puis de prendre votre temps pour vous familiariser avec les gammes, pour commencer.
Si les tablatures vous posent problème, sachez que le + signifie soufflé, le - signifie aspiré, le chiffre correspond au numéro de trou et l'apostrophe signifie une altération sur un demi-ton (deux apostrophes = altération sur un ton entier).
Si les tablatures vous posent problème, sachez que le + signifie soufflé, le - signifie aspiré, le chiffre correspond au numéro de trou et l'apostrophe signifie une altération sur un demi-ton (deux apostrophes = altération sur un ton entier).
Deuxième octave : trous 4 à 7
+4 = I
-‘4 = II mineure
-4 = II
+5 = III
-5 = IV
+6 = V
-‘6 = VI mineure
-6 = VI
-7 = VII
+’7 = VII
Là, c’est moins compliqué, mais il y a quand-même une
difficulté : au lieu d’alterner les soufflés puis les aspirés (+4, -4, +5,
-5, +6, -6.) la sixième et la septième se jouent en aspiré (-6, -7), et cette
rupture en déroute plus d’un.
On peut se demander à quoi sert le bending soufflé du 7, qui
donne la VII, sachant qu’on peut déjà jouer cette VII grâce au -7.
La réponse, c’est qu’enchaîner le +’7 et le +7 donne un
effet blues. Par ailleurs, cela permet aussi de moduler la note avec un
vibrato-bending.
Les notes blues sont très limitées dans cette octave, on
n’accède ni à la III mineure, ni à la V diminuée, ni à la VII mineure. On doit
se contenter de la II mineure et de la VI mineure, c’est difficile (mais
possible) de sonner blues avec si peu.
Troisième octave : trous 7 à 10
+7 = I
-8 = II
+’’8 = II
+’8 = III mineure
+8 = III
-9 = IV
+’’9 = IV
+’9 = V diminuée
+9 = V
-10 = VI
+’’10 = VII mineure
+’10 = VII
Ça devient chaud : dans les octaves inférieures et
moyenne, on jouait un trou soufflé, puis le même trou aspiré pour obtenir la
note au-dessus, alors que dans cette octave supérieure, ça s’inverse car on
joue un trou soufflé, puis le trou suivant aspiré pour jouer la note au-dessus.
Ce qui peut dérouter… Et en plus, il est très difficile d’obtenir la sensible
(VII) et la septième mineure (VII m), à moins de maîtriser l’un des bending les
plus ardus : le légendaire +’’10
On peut néanmoins jouer la III mineure et la V diminuée,
mais difficile de les tenir sans que l’aiguille de l’accordeur chromatique ne
s’affole.
Cela s’appelle la première position : on joue sur la
tonalité d’origine de l’harmo. En comparaison de la seconde position, la
première pose des défis importants pour sonner blues. Néanmoins, dès qu’on
bascule dans le folk, la variété ou le classique, aucun souci.
Ce qu’il faut retenir, c’est que la première position donne
des avantages certains pour accompagner un groupe sur un morceau joué en mode
majeur, ou pour jouer de la variété française, par exemple. « La vie en
rose » d’Edith Piaf est très agréable à jouer sur cette position.
On verra par la suite que la seconde et la troisième
positions sont parfaites pour le blues, moins pour la variété, et qu’elles
posent des contraintes nouvelles (par exemple en 2nde position on ne
peut accéder qu’à deux octaves, au lieu de 3 en 1ère position).
la seconde position :
Notre bien aimée seconde position ! "Cross-position" en anglais,
elle est idéale pour le blues. Elle commence par une fin d'octave, puis deux octaves pleines, et finit par un début d'octave. Donc quatre sections, tandis que la première position n'en comportais que trois.
Sur un harmonica en C, la seconde position correspond à la gamme de G. C'est à dire la quinte de la tonalité de la première position. L'ordre des positions suit cette logique de quinte en quinte : la troisième position aura pour tonique la quinte de G, qui est D ; la quatrième position aura pour tonique la quinte de D, qui est A ; et ainsi de suite.
Fin d'octave basse
+1=IV
-'1=Vm
-1=V
+2=VI
-''2=VIIm
-'2=VII
-2= I
+3=I
Quelle pléthore de notes en si peu de place ! Sept possibilités sur
seulement deux trous, grâce aux bendings. La seconde position est un peu
décalée sur l'harmonica : elle commence par la quarte, et il faut monter
jusqu'aux trous -2/+3 pour avoir la première tonique.
Shéma de la seconde position. Repirez, inspirez, prenez un Advil.
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En cross-position, les trous de l'harmonica où les bendings aspirés sont les
plus puissants et expressifs (-2, -3 et -4) sont ceux sur lesquels tombent les
meilleures notes, celles qui sonnent blues. On accède ainsi à une palette de
jeu magnifique, et on peut notamment faire "glisser" une septième
mineure jusqu'à la tonique au-dessus, ce qui est une des figures mélodiques
caractéristiques de l'harmonica. Ces trois trous sont aussi ceux ou le vibrato
par la gorge pourra s'exprimer pleinement (ils tombent sur la tonique, la
tierce et la quinte).
La première octave complète se présente ainsi :
Octave basse
-2=I
+3=I
-''3=II
-'3=IIIm
-3=III
+4=IV
-'4=Vm
-4=V
+5=VI
-5=VIIm
On utilisera assez peu le sixième degré (+5) en blues pur et dur. Mais la
seconde position est utile pour jouer dans d'autres styles, et parfois c'est
agréable d'avoir accès à toutes les notes de la gamme majeure... sauf la
septième ! Celle-là va se faire cruellement désirer pour sortir de la gamme
blues et gagner en délicatesse. La sensible pourra néanmoins s'obtenir avec
l'overblow du +5.
Octave haute
-'6=IIm
-6=II
-7=III
+'7=III
+7=IV
-8=V
+'8=VIm
+8=VI
-9=VIIm
+'9=VII
L'octave haute a un gros défaut : pas de tierce mineure. Mais au fil de
l'histoire, les harmonicistes se sont joués de ce handicap apparent, en
inventant des mélodies inédites, par exemple en la substituant par la seconde
mineure, ce qui donne au blues un côté "hard". Aujourd'hui on peut
tout à fait jouer la tierce majeure au milieu d'un blues, cela donne une
couleur un peu jazz et de toutes façon, les plus grands y ont abondamment
recours (par exemple Sugar Blues n'arrête pas de mélanger tierces mineures et
majeures dans Hoochie-Coochie). Le plus simple reste d'apprendre l'overblow du +6 si l'on souhaite disposer d'une tierce mineure ici.
Attention aux notes suraiguës. Il vaut mieux
s'en servir avec parcimonie, et placer quelques aigus aux moments clefs d'un
morceau, pour créer un effet de surprise. Le public appréciera, mais se lassera
vite si l'on s'attarde trop haut dans cette octave.
Demi-octave haute
+9=I
-10=II
+''10=IIIm
+'10=III
Les dernières notes donnent les premiers degrés d'une octave coupée au
quatrième degré. Difficiles à jouer, encore plus à altérer, cela vaut néanmoins
la peine de s'entraîner régulièrement au légendaire bending du 10, surtout la nuit si l'on
veut rendre fous ses voisins.Pour écouter un bending du 10 absolument parfait, vous pouvez écouter ce morceau de Jean-Jacques Milteau, et régler la vidéo sur 2:00. Vous entendrez quatre bendings du +9 suivis d'un monumental +10.
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